10

 

L’antenne parabolique du mât des télécommunications était orientée vers l’arc aveuglant de Vénus, cette planète qui se trouvait à vingt millions de kilomètres de distance et se rapprochait en suivant un chemin intersectant celui du vaisseau. Une note s’éleva de la console pour signaler la réception d’un signal en provenance de Port Hespérus.

Le contact matériel ne pourrait avoir lieu avant longtemps, mais les ondes millimétriques de l’émetteur effectuaient ce trajet en moins d’une minute. Qu’il eût été agréable d’être une onde radio, en de telles circonstances !

Grant accusa réception de l’invitation à émettre puis parla d’une voix régulière qu’il espérait également posée. Il fournit une analyse soigneuse de la situation, incluant toutes les données télémétriques pertinentes, et termina son exposé en sollicitant des conseils. Il n’exprima pas les craintes que McNeil lui inspirait, conscient que le technicien devait certainement écouter la transmission.

À Port Hespérus… la station orbitale de Vénus…, une bombe allait éclater et engendrer des vagues de compassion sur tous les mondes habités, dès que la vidéo et les faxfeuilles reprendraient le refrain : « LE ROI DES ÉTOILES EN PERDITION. » Le moindre accident se produisant dans l’espace avait un accent mélodramatique qui tendait à reléguer toute autre information dans l’oubli. Jusqu’au jour où l’on pouvait compter les cadavres, tout au moins.

La réponse des contrôleurs de Port Hespérus fut cependant privée de contenu émotionnel et aussi rapide que le permettait la vitesse de la lumière.

— Dôme de contrôle de Port Hespérus au Roi des Étoiles. Nous avons enregistré votre appel à l’aide et allons vous transmettre un questionnaire. Veuillez rester à l’écoute.

Ils obtempérèrent, attendant dans les airs à côté du récepteur.

Lorsque les questions annoncées arrivèrent, Grant en demanda une copie à l’imprimante. Il fallut à la machine près d’une heure pour transcrire le formulaire. Il était si détaillé que le commandant douta un instant vivre assez longtemps pour pouvoir y répondre. Deux semaines, à quelque chose près.

La plupart des demandes de renseignements étaient d’ordre technique et se rapportaient à l’état de leur appareil. Grant eut alors la certitude que tous les experts de la Terre et de la station de Vénus s’étaient réunis pour se creuser les méninges et trouver un moyen de sauver le Roi des Étoiles ainsi que son fret. Surtout son chargement, sans doute.

— À quoi penses-tu ? demanda-t-il à McNeil qui terminait sa lecture du message.

Le commandant étudiait attentivement son compagnon, cherchant dans son comportement des indices révélateurs d’une tension insoutenable.

Après un long silence, le technicien haussa les épaules. Ses premières paroles furent l’écho des pensées de Grant.

— Voilà qui va nous occuper un bon moment. Je doute que nous puissions terminer en un jour. Et je dois admettre que je trouve la moitié de ces questions complètement stupides.

Grant hocha la tête mais ne dit rien. Il laissa McNeil poursuivre.

— « Pourcentage de pertes dans les quartiers de l’équipage… » Je ne nie pas que ce soit plein d’intérêt, mais nous leur avons déjà communiqué ces chiffres. Et je me demande bien pourquoi ils veulent connaître notre opinion sur l’efficacité du bouclier antiradiations.

— Il peut exister un rapport avec l’érosion des joints.

— Si tu veux mon avis, je dirais qu’ils essayent de nous faire croire qu’ils ont eu une ou deux idées géniales, afin de nous remonter le moral. En outre, répondre à tout ça ne devrait pas nous laisser le loisir de nous ronger les sangs.

Grant l’étudia en éprouvant un étrange mélange de soulagement et d’irritation – soulagement de constater que l’Écossais n’avait pas craqué à nouveau et irritation attribuable à son calme, incompatible avec la catégorie mentale dans laquelle il venait de le cataloguer. Sa brève crise de nerfs, juste après la collision avec la météorite, était-elle révélatrice de la personnalité de cet homme ? Cela aurait-il pu arriver à n’importe qui ? Grant, un manichéen qui excluait les nuances et pour qui le monde ne pouvait être que noir ou blanc, se sentait exaspéré de ne pouvoir décider si McNeil était lâche ou courageux. Qu’il pût être les deux à la fois ne lui vint à aucun moment à l’esprit.

 

*

 

Au cours d’un voyage spatial, la durée est intemporelle. Sur la Terre, les continents eux-mêmes marquent les heures, servant d’aiguilles à la grande horloge qu’est cette planète en révolution constante. Même sur la Lune les ombres rampent paresseusement d’une crevasse à la suivante, pendant que le soleil poursuit lentement sa traversée du ciel. Mais dans l’espace les étoiles sont immobiles, et si ce n’est pas le cas cela revient au même. Le soleil ne change de position que lorsque le pilote modifie l’orientation du vaisseau, et si les nombres qui défilent sur les cadrans des chronomètres marquent le passage des heures et des jours ils ne peuvent engendrer la moindre impression d’écoulement du temps.

Grant et McNeil avaient appris depuis longtemps à régler leurs vies en conséquence ; dans l’espace, ils se déplaçaient et pensaient avec une sorte de nonchalance… qui s’évaporait dès que la traversée arrivait à son terme et que le moment d’effectuer les manœuvres d’approche survenait…, et bien qu’étant tous deux condamnés à mort, ils continuaient de suivre le profond sillon creusé par l’habitude. Chaque jour, le commandant dictait ses commentaires au journal de bord, confirmait la position de l’appareil, effectuait ses tâches routinières. Pour autant que Grant pouvait en juger, McNeil se conduisait lui aussi normalement, bien qu’il parût effectuer certains travaux de maintenance avec moins de conscience professionnelle qu’auparavant. Il eut d’ailleurs un accrochage avec le technicien, au sujet des plateaux sales qui s’accumulaient dans la cuisine chaque fois que ce dernier devait s’en occuper.

Trois jours s’étaient écoulés depuis la collision avec la météorite. Grant continuait de recevoir des messages de « réconfort » des contrôleurs de Port Hespérus, accompagnés de « Désolés pour le retard, les gars, nous vous enverrons de l’aide dès que possible » – puis il attendait les résultats que devait communiquer la commission d’étude réunie par le Bureau du Contrôle spatial, avec son assortiment de spécialistes des deux planètes chargés d’effectuer des simulations de projets irréalisables censés permettre de secourir le Roi des Étoiles. Au début, il patientait en se sentant fébrile, mais son intérêt s’était progressivement émoussé. À présent, il doutait que même les meilleurs techniciens de tout le système solaire pussent encore les sauver – même s’il s’avérait difficile de renoncer à l’espoir quand tout paraissait absolument normal et que l’air était encore si pur.

Le quatrième jour, les contrôleurs de Vénus déclarèrent :

— C’est bon, les gars, nous avons quelque chose pour vous. Nous allons étudier chaque système, et comme ça risque d’être un peu compliqué, n’hésitez pas à demander des éclaircissements. On va en premier lieu consulter les enregistrements se rapportant au module atmosphérique de cabine, référence deux-trois-neuf virgule quatre. Je vous laisse le temps de les trouver…

Dépouillé de son jargon, le long message s’avérait être une oraison funèbre. Cette interminable suite d’instructions devait uniquement permettre au Roi des Étoiles d’arriver à bon port en pilotage à distance, avec son chargement intact et deux cadavres à l’intérieur du module de l’équipage. Grant et McNeil avaient été biffés de la liste des vivants.

Il existait une consolation, cependant : pendant sa formation, le commandant avait été enfermé dans un caisson à atmosphère raréfiée et il savait qu’avant d’entraîner une mort indolore, l’anoxie engendrait des hallucinations fantastiques.

 

*

 

McNeil disparut à l’étage inférieur dès la fin du message, sans daigner faire le moindre commentaire. Grant ne le reverrait pas pendant des heures. Au début, il en fut profondément soulagé. Il ne se sentait pas d’humeur à converser, lui non plus, et si le technicien recherchait la solitude, cela ne regardait que lui. En outre, il avait plusieurs lettres à écrire, des affaires en suspens à régler – même si la rédaction de son testament et de ses dernières volontés pouvait attendre. Ils avaient encore deux semaines devant eux.

À l’heure du dîner Grant descendit dans les quartiers de l’équipage, s’attendant à voir son coéquipier affairé dans la cuisine. On pouvait considérer que McNeil était un fin cordon-bleu, compte tenu des possibilités restreintes de la cuisine spatiale, et c’était toujours avec un vif plaisir qu’il s’acquittait de sa tâche lorsque venait son tour de préparer les repas. Il veillait à ce que son estomac fût satisfait le plus souvent possible.

Mais le carré était désert et le rideau tiré dissimulait la cabine du technicien.

Grant le repoussa et McNeil lui fut révélé, en suspension dans les airs au-dessus de sa couchette, totalement en paix avec l’univers. Près de lui flottait un gros conteneur en plastique au verrou magnétique manifestement forcé. Grant n’eut pas besoin de l’ouvrir pour connaître son contenu ; un regard à l’homme suffisait amplement pour lui permettre d’être fixé sur ce point.

— Ah ! C’est sacrément dommage de devoir aspirer ce nectar avec une paille, déclara l’Écossais sans la moindre honte. Tu sais… on devrait peut-être imprimer une légère rotation au vaisseau, afin qu’il soit possible de boire dans des verres.

Malgré le regard méprisant que Grant lui adressa, il ne baissa même pas les yeux.

— Oh ! Fais pas le rabat-joie, mon vieux – et sers-toi ! Qu’est-ce que ça peut changer ?

Il lança une bouteille au commandant de bord qui l’attrapa avec adresse. Il s’agissait d’un Cabernet-Sauvignon de la vallée de Napa, Californie… un vin d’une valeur inestimable, à en croire le bordereau d’expédition…, et le contenu de cette caisse en plastique valait une fortune.

— Je ne puis admettre qu’un homme se conduise comme un porc, même en de pareilles circonstances, rétorqua-t-il avec sévérité.

McNeil n’était pas encore ivre. Il venait seulement d’atteindre le seuil brillamment éclairé de l’antichambre de l’ivresse et n’avait pas rompu tous ses liens avec un monde extérieur désormais privé d’attraits.

— Je suis disposé à prêter une oreille attentive à tout argument valable permettant de démontrer que ma conduite est répréhensible.

Il adressa à Grant un sourire angélique.

— Mais tu aurais intérêt à me convaincre très rapidement, parce que je sens que je ne vais pas rester accessible à la raison pendant longtemps.

Pour confirmer ses dires, il pressa le bulbe de plastique dans lequel il venait de transvaser le tiers du contenu d’une bouteille et un jet de liquide rouge sombre en jaillit, en direction de sa bouche ouverte.

— Tu voles des biens confiés à notre compagnie, et que le destinataire voudra récupérer, annonça Grant sans avoir conscience de l’absurdité de ses propos.

Il nota cependant que sa voix avait acquis l’intonation sèche et nasale propre aux jeunes institutrices.

— Et… et en outre, tu ne pourras pas rester dans les vignes du Seigneur pendant deux semaines.

— Ça reste à démontrer.

— Tu peux me croire.

Sur ces mots, Grant se retint à la coque de la main droite et utilisa la gauche pour imprimer au conteneur une poussée qui l’envoya dans la partie commune.

Alors qu’il se tournait et plongeait derrière la caisse de vin, il entendit un glapissement de consternation.

— Espèce de constipé ! C’est vraiment un tour de salaud !

Compte tenu de son ébriété, McNeil aurait besoin de temps pour organiser une poursuite. Grant poussa le conteneur vers le sas de la cale, puis dans le compartiment pressurisé à température contrôlée d’où il provenait. Il le remit à sa place et le sangla. Tenter de le reverrouiller eût été inutile, car la fermeture magnétique était détruite.

Faire en sorte que le technicien ne pût retourner dans la cale était par contre réalisable – il suffisait pour cela de changer la combinaison du sas et de ne pas lui révéler le nouveau code d’accès. Grant eut amplement le temps de procéder à ces modifications, car son compagnon d’infortune n’avait pas pris la peine de le suivre.

Puis il remonta vers la passerelle de commandement. En passant devant la cabine de McNeil, il put constater que le technicien s’y trouvait toujours et chantait :

 

« Peu m’importe où fuit l’oxygène

Dès l’instant où le vin est bon… »

 

Il était évident qu’il avait subtilisé deux bouteilles supplémentaires dans le conteneur, avant que le commandant ne vînt le lui confisquer. On verra bien s’il lui en reste une seule goutte dans deux semaines, pensa Grant. Je doute qu’elles durent jusqu’à demain.

 

« Peu m’importe où fuit l’oxygène

Dès l’instant où le vin est bon… »

 

Où diable avait-il déjà entendu ce refrain ? Grant, dont la culture générale avait quelques lacunes, croyait que McNeil modifiait délibérément les paroles d’un vieux madrigal élisabéthain dans l’unique but de se moquer de lui. Il éprouva alors une émotion dont il ne reconnut pas immédiatement la nature et qui l’abandonna aussi rapidement qu’elle l’avait envahi.

Mais lorsqu’il atteignit la passerelle de commandement, il tremblait et avait des nausées. Et il prit alors conscience que le dégoût que lui inspirait McNeil se métamorphosait progressivement en haine.

 

Point de rupture
titlepage.xhtml
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Clarke,Arthur.C.-[Base Venus-1]Point de Rupture(1987).html.French.ebook.AlexandriZ_split_045.html